Est-Il possible que les habitants de la forêt et les être humains vivent en HARMONIE?
Ces dernières années, la question des stratégies pour une bonne gestion rationnelle des ressources naturelles est au centre des débats. Ceci, dans le but d’aboutir à une meilleure conservation de la biodiversité unique et menacée de Madagascar, et afin de mettre en place des projets de conservation durable qui puissent bénéficier réellement aux populations riveraines. La grande majorité de la population malgache (plus de 75%) vit en milieu rural. Sa dépendance directe vis-à-vis des ressources naturelles (ex. les forêts) reste donc très élevée dans sa vie quotidienne (bois de chauffe, construction de maison, etc.). Même en cette ère de la mondialisation où les technologies modernes prédominent dans tous les domaines et ont investi la vie de tout un chacun, l’agriculture sur brûlis constitue encore la principale pratique agricole de la plupart des paysans malgaches. Cependant, cette technique suffit à peine à nourrir les villageois pauvres qui sont très souvent en proie à la famine. Pourtant, à cause de cette pratique agricole démodée, les forêts primaires de Madagascar ne couvrent plus qu’environ 8% du territoire national. Et selon les informations obtenues par le système de surveillance satellitaire, les forêts malgaches disparaissent au rythme de 300 000 hectares par an. C’est tout simplement effarant…
Malgré cela, nous ne cessons de clamer partout, haut et fort, que « Madagascar est un sanctuaire de la nature ». Seulement, est-ce toujours le cas ? Quel ouvrage, quel documentaire digne de ce nom, traitant de l’extraordinaire biodiversité de notre île, n’a-t-il pas mentionné cette phrase ? Ceci est sans nul doute dû au taux d’endémicité élevé de notre faune et de notre flore, tant et si bien que l’ensemble peut aisément être qualifié d’unique au monde. Et s’il existe une famille d’animaux qui symbolise la singularité de la biodiversité de Madagascar, c’est bien celle des lémuriens.
Presque chaque année, de nouvelles espèces de ces primates malgaches sont découvertes par les primatologues. Mais hélas, on a du mal à dissimuler la triste réalité qu’est la disparition continue de la forêt sur la grande île, qui héberge pourtant plus de 100 espèces de lémuriens. Nous pouvons citer comme principales raisons la déforestation et la chasse, par exemple. Par conséquent, presque la moitié de ces espèces est menacée d’extinction. Et pour survivre, les lémuriens doivent alors développer des stratégies qui leur permettent de s’adapter aux changements de leurs habitats, dus aux effets combinés des perturbations humaines et naturelles (ex. cyclone). Les lémuriens exercent un pouvoir attractif certain auprès des touristes, dont un grand nombre visite le pays avec le souhait de voir les lémuriens évoluer dans leurs habitats naturels. Outre ce rôle économique indéniable, ces « habitants de la forêt » assument également un rôle d’ordre écologique, en tant que disperseurs de graines et agents pollinisateurs.
Bref, un rôle qui contribue au maintien de l’intégrité de la forêt. Leur conservation est donc une tâche noble et collective qui appelle à la mobilisation de tous. Je dirai même que c’est à la fois un honneur et une satisfaction de participer à la sauvegarde ces espèces de primates endémiques, qui constituent une richesse pour notre planète. Notre noble mission de sauvegarder, dans leurs sites naturels, les espèces animales endémiques menacées d’extinction telles que les lémuriens, a adopté, testé et vulgarisé la stratégie basée sur leur conservation communautaire. Cette stratégie aspire à garantir, d’une façon durable, la coexistence harmonieuse de la biodiversité et des villageois utilisant le même espace : habitat pour la première et terroir traditionnel pour les seconds. Cette approche a pour objectif de responsabiliser les communautés locales riveraines, qui utilisent les terroirs où se trouve l’habitat de la biodiversité, afin qu’elles contribuent à la sauvegarde de ces espaces.
Voilà plus de 200 ans maintenant que l’homme se préoccupe des dégradations de l’environnement, engendrées par ses activités. Aujourd’hui, l’écologie de la restauration tente de redonner à la nature ses qualités originelles et vise l’intégration écologique et paysagère des réalisations humaines. En ce qui concerne Madagascar, la restauration écologique et la valorisation des ressources naturelles font partie des mesures alternatives clés pour assurer la gestion durable de la biodiversité. Comme tous les pays « Hotspot » et mégadiversité dans le monde, Madagascar a plus qu’un intérêt de gérer de façon rationnelle et durable sa biodiversité unique et spécifique, tout en promouvant et assurant un développement économique approprié, par rapport aux besoins des populations et à la vision nationale et mondiale. Il ne faut jamais oublier que toute initiative liée à la gestion durable des ressources naturelles doit toujours être en cohérence avec le bien-être des populations humaines.
n°007-Avril 2012 Tsilo | 3