Défis pour la conservation de Microcebus gerpi, une espèce en danger critique de l’Est de Madagascar
Projet GERPI : « Distribution géographique, abondance, écologie et défis pour la conservation de Microcebus gerpi, une espèce en danger critique de l’Est de Madagascar »
Dans un monde où la consommation prime, où le nombre d’être humain ne cesse d’augmenter de manière exponentielle, le problème des ressources naturelles est aujourd’hui un problème qui nous concerne tous. Du Mégalodon aux lémuriens sub-fossiles, nous avons à jamais perdu nombres d’espèces plus belles les unes que les autres. D’un point de vue “effet domino”, plus nous perdons ces espèces vivantes plus nous nous ruons vers la fin imminente de l’humanité. Ainsi, la perte de la biodiversité est un des principaux défis du changement global (Rands et al. 2010, Stokstad 2010), car n’oublions pas que Madagascar fait partie des 25 pays considérés comme mégadiversité du Monde (Myers et al. 2000, Ganzhorn et al. 2014), caractérisé par un degré d’endémisme et de menaces anthropogéniques élevés.
Pour la petite anecdote, il est important de savoir que la grande île a subi une dégradation intense et progressive des écosystèmes naturels et ainsi fait face à un risque élevé de perte de son extraordinaire biodiversité (Harper et al. 2007). Les lémuriens de Madagascar sont 100% endémiques et appartiennent à 5 familles différentes comprenant plus d’une centaine d’espèces décrites (Atelier UICN 2017). Comme toutes les espèces de lémuriens sont sylvicoles et certaines d’entre elles sont localement endémiques d’aires restreintes à travers Madagascar, elles sont victimes de la fragmentation, dégradation et perte d’habitats (Harper et al. 2007, Kremen et al. 2008). De ce fait, les espèces de lémuriens ont été considérées comme le clade de mammifère le plus menacé sur la surface du globe (Schwitzer et al. 2013). Le genre regroupant les microcèbes (Microcebus) a montré une hausse remarquable d’espèces décrites. Depuis le début des années 70, le nombre d’espèces connues n’a pas cessé de croître, de 2 (M. murinus et M. rufus) à 24 (Hotaling et al. 2016).
Les microcèbes comprennent les plus petits primates du Monde et sont composés de ce qu’on appelle espèces cryptiques, qui mènent un mode de vie nocturne et montrent très peu de variations phénotypiques (Zimmermann & Radespiel 2014). Plusieurs d’entre ces espèces ont probablement des distributions locales ou régionales (Radespiel 2016) pourtant certain d’entre elles ne sont connues que dans des localités reculées, y compris l’espèce récemment décrite, le microcèbe du GERP (Microcebus gerpi, Radespiel et al. 2012).
Le Microcebus gerpi:
Cette espèce a été rencontrée pour la première fois dans une petite forêt humide de basse altitude de l’Est de Madagascar, dans la région de Sahafina Brickaville (Radespiel et al. 2012). Aucune information n’est disponible sur son écologie, histoire naturelle et ses besoins en habitats. A cause de sa distribution probablement restreinte, cette espèce a été classée comme en danger critique (CR) par UICN depuis 2012 et a été classée comme l’une des 25 espèces de primates les plus en danger en 2016. Géographiquement, les espèces les plus proches sont probablement le spécialiste des hautes terres, M. lehilahytsara à l’ouest, l’espèce de basse altitude, M. simmonsi au nord, et une autre espèce de basse altitude, M. marohita au sud. Toutefois, la limite de la distribution géographique du M. gerpi n’est pas du tout connue. Le manque d’information sur la distribution de nombre d’espèces et l’augmentation de nombre d’espèces découvertes, principalement en dehors des Aires Protégées rendent l’établissement de plan de conservation approprié difficile (Randrianambinina et al. 2010). Même si certaines espèces de microcèbes pourraient survivre dans des forêts secondaires, système agroforestier ou corridors forestiers, les individus vivant dans des habitats dégradés pourraient avoir de moindre chance de survie ou de succès de reproduction que ceux vivant dans une végétation primaire (Ganzhorn & Schmid 1998).
Ce projet a été mené dans 4 Sites différents :
-Anjahamana
-Andobo
-Sahafiana
-Site entre Riv. Vohitra au sud et Rianila au nord (au nord d’Anivorano Est)
Les objectifs de ce projet sont de :
– Déterminer les limites de distribution de l’espèce en danger critique, Microcebus gerpi de l’Est de Madagascar en conduisant un échantillonnage rayonnant dans les forêts restantes autour du point de la première capture (Sahafiana Brickaville) vers le nord, sud et ouest jusqu’aux limites de distribution des espèces voisines;
– Vérifier l’appartenance de tous les microcèbes recensés à l’espèce Microcebus gerpi à l’aide des méthodes moléculaires,
– Déterminer la flexibilité écologique des microcèbes du GERP et sa sensibilité à la dégradation de l’habitat,
– Déterminer et quantifier les parasites (endo et ectoparasites) et trouver une relation éventuelle avec leurs conditions environnementales,
– Proposer des recommandations pour une conservation effective de l’espèce en question devant les stratégies d’utilisation de terrains et la perte d’habitat.